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ACTU !

Le nouveau mémory
"Les deux font la paire"
en librairie le 24 juin


Editions Pyramyd
Diffusion Harmonia Mundi

Les deux font la paire - memo photo

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quelques mots

Préambule, Ou comment l’histoire débuta…

Août 2008, il y a une disparition, celle de mon grand-père, Albert.
Je repars de son village avec une grande boîte à chaussures.
Elle est remplie de vieilles photographies, en vrac.

Dans la boîte : ils se marient (beaucoup),
ils font leurs communions, ils somnolent sur l'herbe,
ils sont assis derrière leurs pupitres d'écoliers,
ils partent à la guerre, ils en reviennent…
Il y a des militaires en uniforme,
des groupes de jeunes hommes
avec des billets collés sur le front,
il y a des bébés tout nus
qui ont l'air de se demander ce qu'ils font là,
il y a ces trois militaires qui se font photographier dans un
studio sur fond de décor d'avion (on a l'impression qu'ils volent),
il y a cette femme, le regard dur,
assise dans un fauteuil, les jambes croisées…
ils sont beaux, pas toujours, bien habillés, ça toujours.

Je peux parfois mettre un prénom sur un visage,
je peux parfois reconnaître un lieu, une maison,
la plupart du temps je ne le peux pas.
La plupart du temps toutes ces personnes
sont des inconnus pour moi.
Ça c'est le début de l'histoire.

Préambule, Ou comment l’histoire débuta…

Ensuite, vient l'envie de trouver, de réunir d'autres photographies,
d'autres images. Peut être la curiosité de voir comment ça se passe
ailleurs…dans les autres familles.
Quelles photographies sont collées dans les albums ?
Quelles sont celles qui se retrouvent dans les cadres
sur la cheminée ?

Je commence à chercher, à me promener… dans les brocantes,
les greniers, sur Internet, chez les bouquinistes.
Je suis surprise de voir qu'il y en a tant.
Elles sont là, en vrac, dans des sacs en plastiques,
dans des boîtes, dans des albums, mélangées aux papiers
d'identité, aux petits mots écrits.
Le contenu d'un tiroir que l'on a vidé et qui est à vendre.

Alors il n'y avait personne pour avoir envie de conserver
ces images ? C'est troublant, émouvant aussi.

Juillet 2009, je suis à Arles, dans la cour Van Gogh.
Des bouquinistes sont là. Je m'arrête chez Emmanuelle Fructus,
elle vend des photographies anciennes.
Je regarde dans une boîte où s'entassent des clichés de toutes tailles,
de toutes époques. J'en extrais trois.

Préambule, Ou comment l’histoire débuta…

Une m'intrigue.
Au dos : « 3 Oct.'45 » et au crayon de papier une croix et un cœur dessinés.
Cette photographie représente une jeune femme de face,
les bras le long du corps, une cigarette à la main.
Elle est au centre de l'image.
Derrière, une maison en bois, un vélo d'enfant.
Le cadrage est approximatif, un peu de travers, la maison est penchée,
ses cheveux touchent presque le bord de la photo.

Une impression d'étrangeté se dégage de cette image…
quelque chose me retient, me touche et m'échappe à la fois…
Pourtant il s'agit d'une image ordinaire, banale, simple.
Est-ce la position de la femme, son regard, l'imperfection du cadrage ?
Je crois que le détail qui m'attire est le vélo d'enfant en arrière plan,
j'ai l'impression que l'enfant vient tout juste de le poser,
presque de le jeter et qu'il a couru pour prendre cette photographie.
Peut être est-ce sa mère ?
Peut être lui a-t-elle demandé de prendre la photo ?
Peut être repart-il jouer tout de suite après ?

J'ai sous les yeux une image sans parole, je ne connais ni cette personne,
ni son histoire, ni l'histoire de cet instant.
Que cette image soit datée du 5 octobre 1945 compte peu finalement,
elle aurait pu tout aussi bien être prise hier, aujourd'hui.

Cette photographie est tellement ordinaire, banale,
tellement semblable à beaucoup d'autres, tellement familière,
que j'y découvre son pouvoir :
celui de me ramener à ma propre histoire.

Plus je regarde ce petit tirage, plus il me fait penser à une autre photographie,
prise dix ans plus tard, celle de ma mère enfant tenant sa sœur par la main.
Elles sont au milieu d'une rue bordée par des pavillons, à Montmorency.
La photographie est un peu floue.
Ma mère à 4 ans.

Préambule, Ou comment l’histoire débuta…

J'ai sous les yeux ces deux clichés, l'un appartenant à ma famille,
l'autre provenant d'une famille que je ne connais pas
et pourtant il me paraît évident qu'ils sont faits pour aller ensemble,
qu'ils se parlent, se répondent…

De là est née l'envie d'associer et de faire cohabiter des photographies
d'amateurs. L'envie de redonner la parole à ces instantanés,
de les donner à voir en dehors de leur contexte familial, social ou historique.

L'envie de mettre en avant l'ordinaire,
le banal que l'on ne voit plus.
Transformer ces instantanés ordinaires en instantanés extra-ordinaires.

Sylvie Meunier